pouvait lire : Canons à ressort et pièges à loups. J’ai su depuis que, trois fois sur quatre, ces avertissements n’avaient qu’une valeur toute morale : mais je ne le savais pas ce jour-là ; et, si même je l’avais su, je crois bien que j’aurais encore hésité à tenter l’aventure. La perspective d’être ramené au château d’Édimbourg, pour déplaisante qu’elle fût, me souriait plus que celle de laisser un de mes pieds dans une trappe, ou de recevoir dans le ventre une décharge automatique de grains de plomb. Non, je n’avais qu’une seule chose à faire : c’était d’attendre que Ronald ou Flora apparussent à ma portée. Et, pour profiter de cette chance, au cas où elle se produirait, je m’assis sur le rebord du mur, à un endroit où le mur se trouvait un peu abrité par l’épais branchage d’un hêtre. Je me juchai là, et j’attendis.
Le jour continuait à se lever ; bientôt un aimable soleil se montra à l’horizon. J’étais resté éveillé toute la nuit, j’avais eu à traverser les plus violentes agitations de corps et d’esprit. Aussi voudra-t-on bien ne pas s’étonner que, pour déraisonnable et imprudente que fût la chose, je me sois laissé aller à faire un léger somme. J’en fus d’ailleurs réveillé, sans doute fort peu de temps après, par le bruit rythmé d’une bêche creusant la terre. Je regardai à mes pieds, et j’aperçus, tout juste au-dessous de moi, le dos voûté d’un vieux jardinier. Parfois il semblait profondément absorbé dans son travail ; parfois, à ma grande terreur, il se redressait, étendait les bras, promenait son regard sur le jardin désert, et savourait une abondante prise de tabac.
Ma première pensée fut de sauter du mur, de l’autre côté. Mais un coup d’œil suffit pour me montrer que même la voie par où j’étais venu se trouvait à présent coupée : car, dans le champ qui s’étendait derrière moi, je découvris deux petits bergers avec une dizaine de moutons. J’ai nommé plus haut les talismans sur lesquels j’ai l’habitude de compter : mais, dans l’espèce, aucun d’eux ne pouvait me servir. Le rebord d’un mur, garni par