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parce que vous auriez extorqué à Clausel une déposition mensongère… Nous allons bien voir ce qu’il va lui-même nous dire sur tout cela !

— À votre aise ! répondit Romaine. »

Et, s’avançant jusqu’à la porte :

« Dudgeon ! cria-t-il, veuillez faire monter ici M. Clausel ! »

Cette fois, au lieu de Clausel, ce fut mon vieil ami M. Dudgeon qui nous apparut. Il salua le vicomte, et me serra la main d’un geste à la fois respectueux et plein de réserve, comme pour me faire entendre qu’il n’oubliait pas certaine altercation que nous avions eue naguère, lui et moi, au clair de lune, dans un chemin creux du comté de Bedford.

« Où est Clausel ? lui demanda Romaine.

— Je ne sais pas, monsieur ; mais il y a bien un quart d’heure qu’il est parti d’ici ! Et, au train dont il est parti, je suppose qu’il doit déjà se trouver assez loin !

— Vous m’en voyez désolé ! dit M. Romaine, en se tournant vers mon cousin. Croyez-moi, monsieur, cet homme voulait abuser de votre bonne foi ! J’espère, du moins, que vous n’aurez pas commis la faute de le payer d’avance ? »

Mais le ton aimable de Romaine ne fit qu’exaspérer la rage de mon cousin.

« Monsieur le notaire, s’écria-t-il, vous oubliez que ma patience a des limites ! Et vous oubliez aussi que les Anglais ne sont pas suffisamment populaires à Paris, par le temps qui court, pour pouvoir se permettre d’insulter ainsi de loyaux Français ! Un son de ce sifflet, un cri de : À mort l’espion ! et, dès la minute suivante, deux Anglais…

— Et même trois ! répondit M. Romaine. »

Puis, allant de nouveau vers la porte :

« M. Burchell Fenn, voudriez-vous avoir l’obligeance de monter jusqu’ici ? »

Cette fois, c’était bien fini : mon cousin Alain s’était