Page:Stevenson - Saint-Yves.djvu/351

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en bon anglais, que ce n’était pas moi que vous vous attendiez à voir entrer ! Mais M. Clausel, qui sans doute avait accompagné ici M. le vicomte, est resté en bas pour écouter quelques mots qu’avait précisément à lui dire mon clerc, M. Dudgeon, qui m’a accompagné jusqu’ici. Peut-être ignorez-vous, monsieur le vicomte, que le témoignage de M. Clausel, dans une certaine affaire, n’a plus toute l’autorité que vous semblez porté à lui attribuer ? Avant de quitter Édimbourg, votre ami a eu un long entretien avec deux personnes de l’honorabilité la plus établie, mon confrère l’avoué Robbie et le major Chevenix. Ces personnes, qui possédaient, de leur côté certaines preuves des plus convaincantes, ont obtenu de M. Clausel qu’il leur signât un papier, entièrement écrit sous sa dictée d’ailleurs, où il faisait de la mort du nommé Goguelat un récit très différent de ses allégations précédentes. J’ai ce papier sur moi, dans ma poche. Il règle de la façon la plus définitive une affaire qui, du reste, n’a déjà que trop duré. Le nommé Goguelat a été tué en duel, le plus loyalement du monde : le témoignage de Clausel ne fait que confirmer là-dessus dix autres témoignages, dont monsieur le vicomte peut prendre connaissance, s’il en a le loisir ! »

Le notaire s’arrêta pour aspirer une prise, et peut-être aussi pour jouir de l’effet produit par son éloquence. Après quoi, se recroisant les jambes, il poursuivit :

« Mais je ne suppose pas que l’unique préoccupation du vicomte de Saint-Yves soit de se mettre la conscience en repos quant aux véritables conditions de la mort de M. Goguelat. Il nous reste encore, puisque nous avons l’avantage de nous trouver réunis, à nous entendre sur la situation qui devra être faite à M. Alain ! Votre maison, monsieur, ajouta-t-il en se tournant vers moi, a des traditions de générosité…

— Qu’est-ce que vous chantez-là, monsieur le gratte-papier ? interrompit Alain, que l’assaut imprévu du notaire avait, d’abord, évidemment démonté. Ce n’est point