déclare, par la présente pièce, que je ne connaissais point mon grand-oncle, le marquis de Kéroual de Saint-Yves, et ne m’attendais nullement à rien recevoir de lui, jusqu’au moment où M. Daniel Romaine vint me trouver dans ma prison d’Édimbourg, m’offrit de l’argent pour effectuer mon évasion, et me fit pénétrer, clandestinement, la nuit, à Amersham Place. Je reconnais, en outre, que, cette nuit-là, mon oncle était au lit lorsque je l’ai vu, et paraissait arrivé au dernier degré de la sénilité. Je suis en outre porté à croire que M. Romaine n’avait pas complètement informé mon oncle des circonstances de mon évasion, et, en particulier, de la part prise par moi à la mort d’un compagnon de captivité nommé Goguelat…
Le document se poursuivait ainsi pendant une page encore. C’était d’un bout à l’autre un tissu de faits exacts en soi, mais défigurés par la façon dont ils étaient présentés et juxtaposés : le tout impliquant toujours des conclusions déshonorantes pour moi. J’achevai cependant ma lecture ; puis, jetant le papier sur la table, je relevai les yeux sur mon cousin.
« Je vous demande pardon, dis-je, mais qu’est-ce que vous voulez que je fasse de cela ?
— Que vous le signiez ! » répondit-il.
J’éclatai de rire.
« Je vous demande pardon une fois de plus, repris-je, mais, bien que certains détails de votre mise puissent me faire croire le contraire, j’ai cependant conscience que nous ne sommes pas ici à jouer un opéra-bouffe !
— N’importe, il faut que vous signiez !
— Hé ! m’écriai-je, vous m’ennuyez ! Dites-moi plutôt tout de suite l’autre alternative : car j’imagine que vous en avez une à m’offrir, pour le cas où je refuserais de signer votre pièce !
— Une alternative ? Oui, certes ! répondit-il gaîment. J’ai ici, en bas, un compagnon qui m’attend, un certain Clausel ; et un peu plus haut dans la rue, à la Tête-d’Or, il y a une escouade de police que j’ai prévenue d’avoir à se mettre à ma disposition. »
L’affaire devenait sérieuse. Mais, si Alain avait compté