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de Saint-Yves, prisonnier de guerre, échappé du château d’Édimbourg.

— Tant mieux pour vous si vous parvenez à prouver cela ! Nous verrons à nous en occuper tout à l’heure ! »

Puis, s’avançant au milieu du pont :

« Qui est le premier officier à bord ! » demanda-t-il.

Ruben Colenso obtint la permission de s’approcher.

— Qu’on le conduise en bas, dans la cabine ! commanda le capitaine Seccombe. Et vous, monsieur le marquis de Je-ne-sais-pas-quoi, montrez-nous le chemin ! Il faut que nous tirions cette affaire au clair ! »

Arrivé dans la cabine, il s’assit au bout de la table, à la table occupée naguère par le capitaine, et cracha cérémonieusement sur le plancher.

— Eh bien ! monsieur, dit-il en s’adressant à Ruben Colenso, voudriez-vous m’expliquer ce que la Lady Népean est venue faire ici ? Pour vous rafraîchir la mémoire, je dois d’abord vous dire que, au mois d’août passé, cette même Lady Népean, de la marine de guerre anglaise, capitaine Colenso, rencontra le vaisseau américain Hitchcock près du banc de Terre-Neuve, et le défit après deux heures de combat. Étiez-vous déjà à son bord ?

— C’était moi qui pointais la grosse pièce !

— Parfait ! Le lendemain, toujours en vue du grand banc, la Lady Népean tomba sur la frégate Président, de la marine des États-Unis, alors sous les ordres du commodore Rodgers, et fut forcée de se rendre.

— Oui, mais non pas avant d’avoir jeté à l’eau toutes les dépêches qu’elle portait !

— Ce qui n’empêcha point Rodgers, ce héros au cœur de lion, de vous traiter avec l’indulgence admirable d’un vrai fils de la liberté ! reprit emphatiquement le capitaine Seccombe. Le commodore vit que la lutte de la veille vous avait épuisés. Il vous nourrit à son bord, il vous donna des vêtements et du linge, il vous traita en amis. Et il fit mieux encore ! Il permit à votre père et à son