vous dire toute la respectueuse amitié que je ressens pour vous. Mais, du moins, ne pourriez-vous pas me donner une lettre d’introduction pour quelqu’un de vos confrères à Édimbourg, un homme d’âge, d’expérience et de discrétion ?
— Ma foi, non ! répondit-il. Certainement non ! Cela non plus, je ne le puis pas.
— Ce serait pourtant une grande faveur pour moi ! plaidai-je.
— Ce serait une faute impardonnable, monsieur ! Quoi ? Vous donner une lettre d’introduction ? Et puis ensuite, quand la police viendra m’interroger sur cette lettre, répondre qu’elle n’est pas de moi, peut-être ? ou que j’ai tout oublié ? Non, non ! n’en parlons plus !
— Je suis forcé d’avouer que vous avez toujours raison dis-je. Ne parlons plus d’une lettre, c’est entendu ! Mais le nom de votre confrère peut très bien vous avoir échappé au cours de la conversation ; et moi, l’ayant entendu, je puis profiter de cette circonstance pour m’introduire moi-même. De cette façon, vous ne seriez pas compromis le moins du monde, et mon affaire se trouverait confiée en de bonnes mains.
— Quelle affaire ? fit tout à coup Romaine.
— Je ne dis pas que j’en aie une déjà ! m’excusai-je. Je parle seulement du cas où il m’en viendrait une.
— Eh bien ! dit-il avec un geste de la main, mettons que je mentionne, par hasard, le nom de maître Robbie, avoué, à Édimbourg, et que ce soit fini ! Ou plutôt, ajouta-t-il, j’ai une idée ! Voilà quelque chose qui pourra vous servir d’introduction sans me compromettre ! »
Il prit une feuille blanche, y écrivit le nom et l’adresse de son collègue d’Édimbourg, et me la tendit.