pas assez pour savoir de quel train je la dépenserai. Et puis, en tant que fugitif, qui sait de combien d’argent je pourrai avoir besoin ? Mais il me restera toujours la ressource de vous écrire pour vous en demander !
— Oh ! mais pardon, vous ne me comprenez pas ! répondit-il. Sachez que, dorénavant, je romps toute communication avec vous ! Vous allez me délivrer un pouvoir, tout à l’heure, pour me permettre d’agir en votre nom ici ; et puis je ne vous connaîtrai plus jusqu’à des jours meilleurs. »
Je crois que je fis mine de lui présenter quelques objections.
« Mettez-vous un moment à ma place ! dit Romaine. Il faut que je ne vous aie jamais vu avant ce soir, nous nous sommes rencontrés pour la première fois ici, et vous m’avez signé le pouvoir en me confiant la charge de vos intérêts ; après quoi, je vous perds de vue de nouveau. Je vous ai trouvé ici, j’ai traité avec vous une affaire, en homme d’affaires : je n’avais pas à vous questionner. Et cela, croyez-le bien, dans l’intérêt de votre sûreté plus encore que de la mienne !
— De telle sorte que je ne pourrai pas même vous écrire ? dis-je, un peu déconcerté.
— Vous ne pourrez pas même m’écrire : et, si vous avez la folie de le faire, je ne vous répondrai pas !
— Il me semble pourtant qu’une lettre…
— Écoutez-moi bien ! interrompit Romaine. Dès que votre cousin aura lu ce fait-divers, que fera-t-il ? Il demandera à la police d’avoir l’œil sur ma correspondance. Toutes les fois que vous m’écrirez, dites-vous bien que vous écrivez aux agents de Bow Street ; et si vous voulez entendre mon conseil, la première lettre que vous m’écrirez sera datée de France !
— Mon cher monsieur Romaine, dis-je, j’ai déjà tiré tant de profit de vos conseils et de vos services, que je suis vraiment désolé de cette rupture de nos communications. Je vous connais à peine, et cependant je ne puis