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V

Après l’orage.


Mais à peine mon cousin eut-il quitté la maison, que, involontairement, je me pris à conjecturer les résultats probables de ce qui venait de se passer. J’avais l’impression qu’il y avait eu là, en quelques heures, bien des pots cassés, et que ce serait moi, suivant toute vraisemblance, qui aurais à en payer la casse. Cet homme plein d’orgueil et de feu, on l’avait insulté et bravé, en particulier et en public ; après quoi on avait rouvert les portes devant lui, le laissant libre de préparer telle vengeance qu’il jugerait possible. Et ainsi, durant tout le chemin que j’eus à faire pour retourner dans ma chambre, je n’étais guère d’une humeur joyeuse, ni complaisante ; et je me souviens de la désagréable surprise que j’éprouvai lorsque, en rentrant dans ma chambre, je me trouvai de nouveau face à face avec M. Romaine.

Il avait repris son siège au coin du feu ; et du moins j’eus la satisfaction de lui voir une mine sombre et préoccupée, au lieu du visage épanoui d’un triomphateur.

« Eh bien ! lui dis-je, vous êtes maintenant arrivé à vos fins !

— Il est parti ? demanda-t-il.

— Parti ! répondis-je. Et nous aurons fort à faire pour lui tenir tête quand il reviendra.

— Hélas ! oui, dit le notaire, d’autant plus que nous n’aurons de nouveau à notre disposition que de grands mots et de vaines menaces, comme tout à l’heure !