échappés du Château d’Édimbourg. Le nom de ce prisonnier était Clausel. Et le journal ajoutait que ce Clausel avait dénoncé l’auteur d’un meurtre révoltant commis, dans le château, peu de jours avant l’évasion.
« L’assassin est un simple soldat, nommé Champdivers, qui s’est échappé, lui aussi, et qui aura probablement subi le sort commun de ses compagnons. En effet, malgré toutes les recherches faites le long du Forth et de la côte, on n’a pu trouver aucune trace du sloop que ces misérables ont volé à Grangemouth ; tout porte donc à croire que la bande entière se sera noyée. »
À la lecture de ces lignes, mon cœur s’arrêta de battre. En un instant, je vis s’effondrer tous mes beaux rêves. Je me vis moi-même changé, du soldat fugitif que j’étais, en un meurtrier fuyant la potence ; je vis mon amour, qui tout à l’heure m’était apparu si proche, à jamais effacé du domaine des possibilités. Mais l’excès de mon désespoir ne dura qu’une minute ; je songeai bientôt que mes compagnons étaient parvenus à réaliser leur projet de fuite par mer, et que, moi aussi, j’étais supposé m’en être allé avec eux ; ou bien m’être noyé avec eux, ce qui avait effectivement de grandes chances d’avoir été l’issue de leur entreprise. Puisque l’on me croyait au fond de la mer, je courrais moins de risques dans les rues d’Édimbourg ! Le major Chevenix me reconnaîtrait, s’il me rencontrait : de cela je ne pouvais point douter. Mais cela même était plutôt pour me rassurer. Le major connaissait Clausel et me connaissait : il était homme d’honneur ; en cas de danger, il témoignerait pour moi. Et puis, de nouveau, la délicieuse image de Flora s’épanouit aux yeux de mon imagination avec tant d’éclat qu’elle me fit oublier tout le reste de mes pensées. Un afflux de sang m’inonda les veines. Je me jurai de revoir Flora et de la conquérir, dusse-je y perdre la vie.
« C’est fort ennuyeux, vraiment ! dis-je, en jetant le journal sur la table.
— Ennuyeux ? demanda M. Romaine.