Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Geraldine consulta son portefeuille avec ostentation et répliqua affirmativement.

« Gaillards favorisés que vous êtes ! Quarante livres, c’est le prix d’entrée dans le Club du suicide.

— Le Club du suicide, répéta Florizel, que diable est-ce que cela ?

— Écoutez, dit l’inconnu, ce siècle est celui du progrès, et j’ai à vous révéler le progrès suprême ! Des intérêts d’argent et autres appelant les hommes à la hâte dans différents endroits, on inventa les chemins de fer ; puis, les chemins de fer nous séparant de nos amis, il fallut créer les télégraphes, qui permettent de communiquer promptement à travers de grands espaces. Dans les hôtels même, nous avons aujourd’hui des ascenseurs qui nous épargnent une escalade de quelques centaines de marches. Maintenant nous savons bien que cette vie n’est qu’une estrade faite pour y jouer le rôle de fou tant que la partie nous amuse. Une commodité de plus manquait au confort moderne, une voie décente et facile pour quitter cette estrade, l’escalier de derrière menant à la liberté, ou bien, comme je viens de le dire, la porte dérobée de la Mort. Le Club du suicide y supplée. N’allez pas supposer que, vous et moi, nous soyons seuls à professer un désir