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Cette somme, je la divisai en deux parties égales ; je réservai quarante livres pour un but particulier, je résolus de dépenser le reste avant la nuit. J’ai passé une journée charmante et j’ai fait beaucoup de bonnes plaisanteries, outre celle des tartes à la crème, qui m’a procuré l’avantage de votre connaissance ; car j’avais pris la détermination, comme je vous l’ai dit, de conduire ma folle carrière à une conclusion encore plus folle ; et, lorsque vous me vîtes lancer ma bourse dans la rue, les quarante livres étaient épuisées. Maintenant, vous me connaissez aussi bien que je me connais moi-même ; oui, je suis fou, mais un fou dont la folie ne manque pas de fond et qui n’est, je vous prie de le croire, ni pleurnicheur ni lâche. »

Le ton qu’avait pris le jeune homme indiquait assez qu’il nourrissait beaucoup d’amertume et de mépris contre lui-même. Ses auditeurs n’hésitèrent pas à penser que son affaire d’amour lui tenait au cœur plus qu’il ne voulait l’admettre et qu’il avait l’intention sinistre d’en finir avec la vie.

« Eh bien, n’est-ce pas étrange, dit Geraldine en regardant le prince Florizel, n’est-ce pas étrange que nous soyons là trois individus à peu près dans les mêmes conditions, réunis par l’ef-