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lieu de la rue et déclara qu’il était prêt à souper.

Dans certain cabaret du quartier de Soho, — un petit restaurant français dont la réputation passagère, fort exagérée, baissait déjà, — les trois compagnons se firent donner un cabinet particulier au deuxième étage, et commandèrent un souper fin arrosé de plusieurs bouteilles de champagne. En mangeant, en buvant, ils causaient de mille choses indifférentes ; le jeune homme aux tartes se montrait fort gai, mais il riait trop bruyamment ; ses mains tremblaient, sa voix prenait des inflexions subites et inattendues qui semblaient être indépendantes de sa volonté. Le dessert étant enlevé, les convives ayant allumé leurs cigares, le prince s’adressa en ces termes à son hôte inconnu :

« Vous voudrez bien excuser ma curiosité. Ce que j’ai vu de vous me plaît singulièrement, mais m’intrigue davantage. Mon ami et moi, nous nous croyons parfaitement dignes de devenir les dépositaires d’un secret. Si, comme je le suppose, votre histoire est absurde, vous n’avez pas besoin de vous gêner avec nous, qui sommes les deux individus les plus fous de l’Angleterre. Mon nom est Godall, Théophile Godall ; mon ami est le major Alfred Hammersmith, du