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Au moment de quitter le troisième bar, l’homme aux tartes fit le compte de ce qui lui restait. Il n’y avait plus que neuf petits gâteaux en tout.

« Messieurs, dit-il à ses camarades improvisés, je ne veux point retarder votre souper, car je suis sûr que vous devez avoir faim. Je vous dois une reconnaissance toute spéciale. En ce grand jour où je termine une carrière de folie par un acte plus sot que tous les autres, je désire me conduire galamment à l’égard des personnes qui m’auront secondé. Messieurs, vous n’attendrez pas davantage. Quoique ma santé soit ébranlée par les excès auxquels j’ai déjà dû me livrer ce soir, je vais procéder à une liquidation définitive. »

Là-dessus il avala successivement d’une seule bouchée, les neuf tartes qui restaient et, se tournant vers les commissionnaires, leur remit deux souverains.

« J’ai à vous remercier, dit-il, de votre patience vraiment extraordinaire. »

Puis il les congédia, avec de beaux saluts. Quelques secondes encore il resta en contemplation devant la bourse dont il venait de tirer le salaire de ses aides ; après quoi, partant d’un grand éclat de rire, il la lança au mi-