— J’ai l’habitude, répliqua le prince, de considérer moins la nature du don que la disposition d’esprit dans laquelle il est offert.
— Mon esprit, Monsieur, répondit le jeune homme avec un nouveau salut, est un esprit de moquerie.
— En vérité, Monsieur ? Et de qui vous moquez-vous ?
— Mon Dieu, je ne suis pas ici pour exposer ma philosophie, mais pour distribuer des gâteaux. Si je dis que je me comprends volontiers parmi les plus ridicules, vous voudrez bien peut-être vous montrer indulgent. Sinon, vous allez me contraindre à manger ma vingt-huitième tarte, et j’avoue que cet exercice commence à me fatiguer.
— Vous me touchez, dit le prince, et j’ai toute la volonté du monde de vous être agréable ; mais à une condition : si mon ami et moi nous mangeons de vos gâteaux, — pour lesquels nous ne nous sentons, ni l’un ni l’autre, aucun goût naturel, — nous exigeons que vous nous rejoigniez à souper en guise de remerciement… »
Le jeune homme sembla réfléchir.
« J’ai encore quelques douzaines de tartes sur les bras, répondit-il ; il me faudra visiter plusieurs tavernes avant d’en avoir fini. Cela prendra un peu de temps ; si vous avez faim… »