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daigne encore une certaine habileté nécessaire dans la conduite des événements. L’acte de cruauté commis par Hyde, au premier chapitre, envers la petite fille qui se trouve, on ne sait comment, la nuit, au coin d’une rue déserte, semble bien insuffisamment indiqué ; le meurtre de sir Danvers Carew reste plus vague encore et fait l’effet, tel qu’il le présente, d’une scène d’ombres chinoises enfantine, presque ridicule. Nombre de personnages sont évoqués, puis abandonnés, selon les exigences du récit, auquel d’ailleurs rien ne les rattache. Il faut que quelqu’un ait vu, que quelqu’un porte témoignage ; l’auteur tire de sa boite une nouvelle marionnette ; elle parle, remplit une lacune, puis disparait,… artifice vraiment trop grossier. Les ficelles de l’art, quand on y a recours, doivent être soignées. Docteur Jekyll est, somme toute, un roman, et les amateurs de romans tiennent à ces accessoires ; ils y tiennent même jusqu’à permettre qu’ils usurpent trop souvent la première place, dissimulant, sous un certain machinisme, le vide presque absolu du fond. Ce n’est certes pas le fond qui manque ici, et on ne peut qu’encourager M. Stevenson à persévérer, en s’y perfectionnant, dans cette curieuse psychologie sensationnelle, mais ne méprisons pas trop pour cela les pages fa-