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long en large dans cette chambre, mon dernier refuge terrestre. Hyde périra-t-il sur l’échafaud ou bien trouvera-t-il le courage de se délivrer lui-même ? Dieu le sait,… peu m’importe ; ceci est l’heure de ma mort véritable, ce qui suivra regarde un autre moi-même. Ici donc, tandis que je dépose la plume, s’achève la vie du malheureux Henry Jekyll… »

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On voit que M. Stevenson a mêlé ici le merveilleux à la science, comme ailleurs il l’a fait entrer dans la vie quotidienne. Il s’est inspiré sans doute d’ouvrages récents, tels que la Morphologie générale, où Hæckel, d’accord avec Gegenbaur, étend à tous les êtres vivants une théorie appliquée aux plantes par Gaudichaud : chacune d’elles se trouverait être, suivant lui, une sorte de polypier. De même, selon Hæckel, l’animal ne serait qu’un groupe d’individualités enchevêtrées et superposées ; on y distinguerait jusqu’à sept degrés différents ; nous aurions conscience d’un de ces degrés, notre moi, sans avoir conscience du moi des autres. Sur ce point, M. Stevenson altère la théorie scientifique pour les besoins de la psychologie, et nul n’aura le pédantisme de le lui reprocher. Très probablement les découvertes plus ou moins fondées de la science fourniront à mesure