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préparés pour tout événement, dans mon cabinet. Pendant deux mois, cependant, je fus fidèle à ma détermination ; pendant deux mois, je pratiquai une austérité à laquelle jamais, jusque-là, je n’avais pu atteindre, et je jouis des compensations que procure la paix de la conscience. Mais le temps finit par atténuer mes craintes, des désirs frénétiques me torturèrent, comme si Hyde eût réclamé la liberté ; enfin, dans une heure de faiblesse morale, j’avalai de nouveau la liqueur transformatrice.

« De même que l’ivrogne, quand il raisonne avec lui-même sur son vice, n’est pas, une fois sur cinq cents, frappé des dangers qu’il court par suite de son inconscience de brute, je n’avais jamais, en considérant ma position, tenu compte suffisamment de la complète insensibilité morale, de la propension perpétuelle à mal faire qui dominait chez Hyde. Ce fut par là cependant que je fus puni. Mon démon avait été longtemps en cage, il s’échappa rugissant. Au moment même où je bus, je me sentis plus furieusement porté au crime que par le passé. Une tempête d’impatience bouillonnait en moi. Sur une imperceptible provocation, je m’emportai comme aucun homme pourvu de sens n’aurait pu le faire, je frappai un vieillard inoffensif sans plus de