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dépouiller même. Pour deux bonnes raisons, je n’approfondirai pas davantage la partie scientifique de ma confession : d’abord, parce que j’ai appris, à mes dépens, que le fardeau de la vie est rivé indestructiblement aux épaules de l’homme, et qu’à chaque tentative faite pour le rejeter, il revient en imposant une pression plu& pénible. Secondement, parce que, — mon récit le prouvera d’une façon trop évidente, hélas ! — mes découvertes restèrent incomplètes. Il suffit donc de dire que, non seulement j’en vins à reconnaître, en mon propre corps, la simple exhalaison, le simple rayonnement de certaines puissances qui entraient dans la composition de mon esprit, mais que je réussis à fabriquer une drogue par laquelle ces puissances pouvaient être détournées de leur suprématie et souffrir qu’une nouvelle forme fut substituée à l’ancienne, une forme qui ne m’était pas moins naturelle, parce qu’elle portait l’empreinte des éléments les moins nobles de mon âme.

« J’hésitai longtemps, avant de mettre cette théorie en pratique. Je savais très bien que je risquais la mort, car une substance capable de contrôler si violemment et de secouer à ce point la forteresse même de l’identité pouvait, prise à trop haute dose, ou par suite d’un accident quel-