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« Après une suite d’incidents qui seraient ici sans intérêt, le diamant passe aux mains d’un autre homme, qui, terrifié de ce qu’il voit, le confie à un personnage haut placé et à l’abri de tout reproche.

« L’officier, continua Florizel, s’appelle Thomas Vandeleur ; la pierre précieuse et funeste, c’est le diamant du Rajah, et ce diamant, vous l’avez devant vos jeux, ajouta-t-il en ouvrant brusquement la main. »

L’agent recula, éperdu, avec un grand cri.

« Nous avons parlé de corruption, reprit Florizel ; pour moi cet objet est aussi repoussant que s’il grouillait de tous les vers du sépulcre, aussi odieux que s’il était formé de sang humain, du sang de tant d’innocents qui coula par sa faute ; ses feux sont allumés au feu de l’enfer, et, quant aux crimes, aux trahisons qu’il a pu suggérer dans les siècles passés, l’imagination ose à peine les concevoir. Depuis trop d’années il a rempli sa noire mission, c’est assez de vies sacrifiées, c’est assez d’infamies. Toutes choses ont un terme, le mal comme le bien, et, quant à ce diamant, que Dieu me pardonne si j’agis mal, mais il verra ce soir la fin de son empire. »

Ce disant, Florizel fit un mouvement rapide de la main, le diamant décrivit un arc lumineux,