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maître deux fois par semaine, engagea de longues conversations avec des personnes errantes dans les Champs-Élysées et fréquenta tous les théâtres. Ses habits avaient été renouvelés, il se faisait raser et coiffer chaque matin, ce qui lui donnait un air étranger et semblait effacer la vulgarité des années écoulées. Enfin le fameux samedi arriva ; il se rendit au bureau du Théâtre-Français. À peine eut-il dit son nom qu’un employé lui remit le coupon dans une enveloppe dont l’adresse était encore humide.

« On vient de le prendre à l’instant, dit ce personnage.

— Vraiment ! s’écria Francis. Puis-je vous demander quelle mine avait le monsieur qui est venu ?

— Oh ! votre ami n’est pas difficile à peindre. C’est un beau vieillard, grand et fort, à cheveux blancs, et portant au travers du visage une cicatrice de coup de sabre. Un homme ainsi marqué se laisse reconnaître.

— Sans doute ; merci de votre obligeance.

— Il ne doit pas être bien loin ; en vous dépêchant vous pourrez peut-être le rejoindre. »

Francis ne se le fit pas répéter deux fois et, s’élançant hors du théâtre, il plongea ses regards avidement dans toutes les directions. Malheu-