Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/273

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le prince y ajoutait des commentaires plus intéressants encore que les événements eux-mêmes. Un double sujet d’observation était ainsi offert au jeune clergyman, et il ne sut lequel admirer davantage de l’acteur capable de tout ou de l’expert habile qui jugeait si finement la vie, de l’aventurier qui parlait avec audace de ses risques et de ses épreuves ou de l’homme qui, à l’égal d’un dieu, semblait tout savoir et n’avoir rien souffert. La manière d’être de chacun des deux interlocuteurs s’accordait parfaitement avec ses discours. Le vieux despote se laissait aller à des brutalités de geste aussi bien que de langage ; sa main s’ouvrait, se refermait et retombait rudement sur la table ; sa voix était forte et impérieuse. Le prince, au contraire, semblait le type même de la distinction placide ; mais le moindre mouvement, la moindre inflexion, chez lui, avait une signification beaucoup plus grande que la pantomime passionnée de son compagnon. Même lorsque, comme cela devait souvent arriver, il faisait allusion à quelque expérience personnelle, la chose était si adroitement dissimulée qu’elle passait inaperçue.

À la fin, cette curieuse conversation tomba sur les derniers vols commis et sur le diamant du Rajah.