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extraordinairement libre de tout indice de préoccupation ou de fatigue ; il y avait quelque chose dans son air qui semblait inviter à la confiance, et commander la soumission. Plus le jeune clergyman scrutait ses traits, plus il était convaincu qu’il venait de tomber sur celui qui pouvait, entre tous, offrir un avis utile.

« Monsieur, commença-t-il, vous excuserez ma hardiesse. Mais sans préambules, d’après votre apparence, je juge que vous devez être avant tout, un homme du monde.

— J’ai en effet de grandes prétentions à ce titre, répondit l’étranger en déposant sa revue avec un regard mélangé de surprise et d’amusement.

— Moi, Monsieur, continua le clergyman, je suis un reclus, un étudiant, un compulseur de bouquins. Les événements m’ont fait reconnaître ma sottise depuis peu et je désire apprendre la vie. Quand je dis la vie, ajouta-t-il, je n’entends pas ce qu’on en trouve dans les romans de Thackeray, mais les crimes, les aventures secrètes de notre société, et les principes de sage conduite à tenir dans des circonstances exceptionnelles. Je suis un travailleur, Monsieur ; la chose peut-elle être apprise dans les livres ?

— Vous me mettez dans l’embarras, dit l’étranger ; j’avoue n’avoir pas grande idée de l’uti-