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Le prince et ses compagnons restèrent visibles un moment, tandis qu’ils suivaient une allée entre deux buissons en fleur ; mais, dès le premier tournant, un groupe d’arbres au feuillage épais s’interposa, et de nouveau ils disparurent : ce fut tout ce que purent voir le colonel et le médecin. Le jardin était si vaste, le lieu du duel, évidemment si éloigné de la maison, que le cliquetis même des épées n’arriva pas à leurs oreilles.

« Il l’a conduit près de la fosse, dit le docteur Noël, en frissonnant.

— Seigneur ! murmura Geraldine, Seigneur, défendez le bon droit ! »

Silencieusement, tous deux attendirent l’issue du combat, le docteur secoué par l’épouvante, le colonel tout baigné d’une sueur d’angoisses.

Un certain, temps s’écoula ; le jour était sensiblement plus clair et les oiseaux chantaient plus gaiement dans le jardin, quand un bruit de pas ramena les regards des deux hommes vers la porte. Ce furent le prince et les témoins qui entrèrent.

Dieu avait défendu le bon droit.

« Je suis honteux de mon émotion, dit Florizel ; c’est une faiblesse indigne de mon rang ;