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l’ouïe était remarquablement fine, put même saisir quelques fragments de leur conversation.

« La fosse est-elle creusée ? demandait l’un.

— Elle l’est, répondit l’autre, derrière la haie de lauriers. Lorsque notre besogne sera terminée, nous pourrons la recouvrir avec un tas de bois. »

L’individu qui avait parlé le premier se mit à rire et cette gaieté parut horrible à ceux qui écoutaient derrière le mur.

« Dans une heure d’ici », reprit-il.

D’après le bruit des pas, il fut évident que les deux interlocuteurs se séparaient et continuaient leur marche dans une direction opposée. Presque aussitôt, la porte secrète s’entr’ouvrit avec précaution, une figure pâle se montra, une main fit signe d’avancer. Dans un silence de mort les trois hommes suivirent leur guide à travers plusieurs allées de jardin, jusqu’à l’entrée de la maison du côté des cuisines. Une seule bougie brûlait dans la vaste cuisine dallée, qui manquait absolument de tous les ustensiles habituels ; et, comme la petite troupe commençait à monter les étages d’un escalier tournant, des bruits prodigieux, causés par les rats, témoignèrent plus sûrement encore de l’abandon du logis.