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tainement jamais été habitée du tout. Le jeune officier se rappela avec étonnement l’air élégant, confortable et hospitalier qu’elle affectait lors de son arrivée. Ce n’était qu’à force de prodigieuses dépenses que l’imposture avait pu être organisée sur une si grande échelle.

Qui donc était Mr. Morris ? Quel était son but pour jouer ainsi, pendant une nuit, le rôle d’un maître de maison dans ce coin reculé de Londres ? Et pourquoi rassemblait-il ses hôtes au hasard de la rue ? Brackenbury se souvint qu’il avait déjà tardé trop longtemps et se hâta de redescendre. Pendant son absence, beaucoup de monde était parti, et, en comptant le lieutenant, il n’y avait plus que cinq personnes dans le salon, tout à l’heure si rempli. Comme il rentrait, Mr. Morris l’accueillit avec un sourire et se leva :

« Il est temps maintenant, Messieurs, dit-il, de vous expliquer quel était mon projet en vous enlevant ainsi. J’espère que la soirée ne vous aura pas paru ennuyeuse ; je le confesse toutefois, mon dessein n’était pas d’amuser vos loisirs, mais de me procurer du secours dans une circonstance critique. Vous êtes tous des gentlemen, continua-t-il, votre apparence le prouve suffisamment et je ne demande pas de meilleure