Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/188

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

seuil, qu’il fut subitement arrêté par une découverte fort extraordinaire. Les plantes fleuries avaient disparu de l’escalier ; trois grands fourgons de mobilier stationnaient devant la porte du jardin ; les domestiques étaient occupés à déménager la maison de tous les côtés ; même quelques-uns d’entre eux avaient déjà quitté leur livrée et se préparaient à s’en aller. C’était comme la fin d’un bal à la campagne, où tout a été fourni en location. Certes Brackenbury avait lieu de réfléchir. D’abord les invités, qui, en somme, n’étaient pas réellement des invités, avaient été renvoyés ; et maintenant les serviteurs, qui évidemment n’étaient pas de vrais serviteurs, se dispersaient en toute hâte.

« N’était-ce donc qu’un rêve ? se demanda-t-il, une fantasmagorie qui doit s’évanouir avant le jour ? »

Saisissant une occasion favorable, Brackenbury gagna l’escalier et monta jusqu’aux étages supérieurs de la maison. C’était bien comme il l’avait pressenti. Il courut de chambre en chambre et ne vit pas le moindre meuble, pas même un tableau accroché aux murs. Bien que les peintures fussent fraîches et les papiers nouvellement posés, la maison était non seulement inhabitée pour l’instant, mais n’avait cer-