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d’une grande anxiété et ses nerfs déjà lassés par la tâche qu’il poursuivait.

Pendant près d’une heure, les cabs continuèrent à arriver avec une telle fréquence, que Mr. Morris eut à recevoir un nouvel hôte pour chacun des anciens qu’il renvoyait, de sorte que le nombre des joueurs resta toujours à peu près le même. Mais au bout de ce temps, les arrivées s’espacèrent de plus en plus, pour cesser enfin tout à fait, tandis que les éliminations continuaient tout aussi activement. Le salon commença donc à se vider ; le baccarat cessa, faute de banquier ; plus d’un invité prit de lui-même congé, sans qu’on essayât de le retenir ; en même temps Mr. Morris redoublait d’attentions empressées auprès de ceux qui demeuraient encore. Il allait de groupe en groupe et de l’un à l’autre, prodiguant les regards sympathiques et les paroles gracieuses ; il était moins hôte qu’hôtesse, pour ainsi dire, car il y avait, dans sa manière d’être, une sorte de coquetterie, de condescendance féminine qui prenait le cœur de tous.

Comme l’assemblée se réduisait de plus en plus, le lieutenant Rich, en quête d’un peu d’air, sortit du salon et alla jusque dans le vestibule ; mais il n’en eut pas plus tôt franchi le