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Des centaines de bougies éclairaient cette pièce, qui, ainsi que l’escalier, était parfumée de plantes rares et superbes, en pleine floraison. Dans un coin, une table s’offrait, chargée de viandes appétissantes. Plusieurs domestiques passaient des fruits et des coupes de champagne. Il y avait dans le salon à peu près seize personnes, rien que des hommes, dont un petit nombre seulement avaient dépassé la première jeunesse ; presque tous avaient l’air hardi et intelligent. Ils étaient divisés en deux groupes, le premier devant une roulette, l’autre entourant une table de baccarat.

« Je comprends, pensa Brackenbury. Je suis dans une maison de jeu clandestine et le cocher était un racoleur. »

Son regard, ayant embrassé tous les détails qui motivaient cette conclusion, se reporta sur l’hôte qui l’avait reçu avec tant de bonne grâce et qui le tenait encore par la main. L’élégance naturelle de ses manières, la distinction, l’amabilité qui se lisaient sur ses traits, ne convenaient pas pourtant au propriétaire d’un tripot, son langage semblait indiquer un homme bien né. Brackenbury ressentit une sympathie instinctive pour son amphitryon, bien qu’il se blâmât lui-même de cette faiblesse.