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d’existences. Regardant les maisons, il se demanda ce qui se déroulait derrière ces fenêtres vivement éclairées ; il examinait chaque passant et les voyait tous tendre vers un but quelconque, soit criminel, soit généreux, qu’il eût voulu deviner.

« On parle de la guerre, pensa-t-il, mais ceci est le grand champ de bataille de l’humanité. »

Et alors il s’étonna d’avoir marché si longtemps déjà sur une scène aussi compliquée, sans rencontrer l’ombre d’une aventure pour son propre compte.

« Tout vient à son heure, se dit-il enfin. Je serai forcément entraîné dans le tourbillon, avant peu. »

La nuit était assez avancée, lorsqu’une grosse averse très froide, tomba soudain. Brackenbury s’arrêta sous quelques arbres et, pendant qu’il cherchait à se garantir, il aperçut le cocher d’un de ces fiacres qu’on appelle hansom-cabs, lui faisant signe qu’il était libre. L’offre tombait à propos ; il leva sa canne pour toute réponse et eut vite fait de se mettre à l’abri.

« Où faut-il aller, Monsieur ? demanda le cocher.