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gnito. Comme il n’avait que des parents éloignés, demeurant tous en province, ce fut presque à la façon d’un étranger qu’il s’installa dans la capitale du pays pour lequel il avait versé son sang.

Le lendemain de son arrivée, il dîna seul au cercle militaire, donna des poignées de main à quelques vieux camarades et reçut leurs chaleureuses félicitations, mais tous avaient des engagements d’un genre ou d’un autre, et il fut bientôt laissé complètement à lui-même. Brackenbury était en tenue du soir, ayant formé le projet d’aller au théâtre : il ne savait cependant de quel côté diriger ses pas. La grande ville lui était peu familière ; il avait passé d’un collège de province à l’école militaire et, de là, était parti directement pour l’Orient. Du reste, les hasards d’un nouveau genre ne l’effrayaient pas ; il se promettait nombre de jouissances variées dans l’exploration de ce monde inconnu.

Il se dirigea donc, en balançant sa canne, vers la partie ouest de Londres. La soirée était tiède, déjà sombre, et, de temps en temps, la pluie menaçait. Cette multitude de figures, se succédant à la lumière du gaz, excitait l’imagination du lieutenant, il lui semblait qu’il pourrait marcher éternellement dans cette atmosphère troublante et environné par le mystère de quatre millions