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turée ? Ah Florizel ! Florizel ! quand apprendrez-vous la prudence qu’il faut dans cette vie mortelle ? quand ne serez-vous plus ébloui par le fantôme de puissance qui est à votre disposition ? La puissance ! cria-t-il ; qui donc est plus impuissant que moi ? Je regarde ce jeune homme que j’ai sacrifié, oui, sacrifié, Mr. Scuddamore, et je sens combien c’est peu de chose que d’être prince. »

L’Américain, très ému, essaya de balbutier quelques paroles de consolation et fondit en larmes. Florizel, touché de sa bonne intention évidente, se rapprocha et lui prit la main.

« Calmez-vous, dit-il. Nous avons tous deux beaucoup à apprendre, et tous deux nous deviendrons, je gage, meilleurs par suite de notre entrevue d’aujourd’hui. »

Silas remercia silencieusement d’un regard affectueux.

« Écrivez-moi l’adresse du docteur Noël sur ce morceau de papier, continua le prince. Et laissez-moi vous recommander d’éviter la société de cet homme dangereux, lorsque vous serez de retour à Paris. Dans cette affaire, cependant, il a, je crois, agi d’après une inspiration généreuse ; s’il eût été complice de la mort du jeune Geraldine, il n’aurait jamais expédié son cadavre à l’assassin lui-même. »