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nait en émoi, et la présence dans le fumoir, sous un déguisement évident, de l’homme de Box-Court, lui prouvait qu’il était, une fois de plus, le centre de ténébreuses machinations.

Minuit était déjà sonné depuis quelque temps quand Silas, poussé par le soupçon, ouvrit la porte de sa chambre et regarda dans le corridor faiblement éclairé par un seul bec de gaz. À quelque distance, il aperçut un garçon d’hôtel, endormi sur le plancher. Il s’approcha furtivement, à pas de loup, et se pencha sur le dormeur ; celui-ci était couché de côté, son bras droit relevé lui cachant la figure. Tout à coup, il déplaça ce bras et ouvrit les yeux ; Silas se trouva de nouveau face à face avec l’espion de Box-Court.

« Bonsoir, Monsieur », dit l’homme d’un ton de bonne humeur.

Mais Silas était trop profondément impressionné pour trouver une réponse et il regagna sa chambre silencieusement.

Vers le matin, épuisé par la peur, il s’endormit dans son fauteuil et tomba, la tête en avant, sur la malle. En dépit d’une position aussi contrainte et d’un si hideux oreiller, son sommeil fut long et profond ; il ne fut réveillé qu’à une