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« Voilà un individu, dit-il, qui doit avoir quelque sujet de chagrin.

— C’est l’Américain pour lequel j’ai obtenu la permission de voyager avec votre suite, répondit Geraldine.

— Vous me rappelez que j’ai manqué de courtoisie », dit le prince.

S’avançant vers Silas, avec la plus parfaite urbanité, il lui adressa la parole :

« J’ai été charmé, Monsieur, de pouvoir satisfaire le désir que vous m’avez fait exprimer par le colonel Geraldine. »

Après cette entrée en matière, il lui fit quelques questions sur la situation politique de l’Amérique, auxquelles Silas répondit avec tact et bon sens.

« Vous êtes encore un très jeune homme, dit le prince ; je vous trouve bien sérieux pour votre âge. Peut-être laissez-vous votre esprit s’absorber outre mesure dans des études ardues. Mais peut-être, d’autre part, suis-je moi-même indiscret en touchant à quelque sujet pénible.

— J’ai, en effet, une excellente raison pour être au désespoir, dit Silas ; jamais un être plus innocent que moi ne fut plus abominablement trompé.