Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/128

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

élégante de toilette, qu’à son arrivée il avait prise pour une comtesse. Par la suite, il apprit qu’elle était connue sous le nom de Zéphyrine. Quelle que fût la situation qu’elle occupât dans le monde, ce n’était assurément pas celle d’une personne titrée. Mme  Zéphyrine, sans doute dans l’espoir de charmer le jeune Américain, avait pris l’habitude de le croiser sur l’escalier ; et là, après un signe de tête gracieux, un mot jeté tout naturellement et un regard fascinateur de ses yeux noirs, elle disparaissait avec un froufrou de soie, laissant apercevoir un pied et une cheville incomparables. Mais ces avances, bien loin d’encourager Mr. Scuddamore, le plongeaient dans des abîmes de découragement et de timidité. Plusieurs fois, elle était venue chez lui, demander de la lumière ou s’excuser des méfaits imaginaires de son caniche. Hélas ! en présence d’une créature aussi supérieure, la bouche de l’innocent étranger restait close ; il oubliait son français, et, jusqu’à ce qu’elle fût partie, ne savait plus qu’ouvrir de grands yeux et bégayer. Cependant, leurs rapports si fugitifs suffisaient pour qu’il lançât parfois des insinuations dignes d’un fat, lorsque, seul avec quelques camarades, il se sentait en sûreté.

La chambre de l’autre côté de celle du jeune