Page:Stevenson - Les Nouvelles Mille et Une Nuits, trad. Bentzon.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Son Altesse ne put s’empêcher de penser qu’Elle aurait vendu volontiers cette chance beaucoup moins cher.

La conférence à voix basse était terminée. Le possesseur de l’as de trèfle quitta la chambre avec un signe d’intelligence, et le président, s’approchant de l’infortuné prince, lui tendit la main.

« Je suis content de vous avoir rencontré, Monsieur, dit-il, et content d’avoir été en état de vous rendre ce petit service. Au moins vous ne pouvez vous plaindre d’un long retard. À la seconde soirée, — quel coup de fortune ! »

Le prince essaya vainement d’articuler une réponse quelconque, mais sa bouche était sèche et sa langue semblait paralysée.

« Vous sentez-vous mal à votre aise ? demanda le président d’un air de sollicitude. Cela arrive à beaucoup de ces messieurs. Voulez-vous prendre un peu d’eau-de-vie ? »

Florizel fit un signe affirmatif.

« Pauvre vieux Malthus ! répéta le président, tandis qu’il vidait son verre. Il en a bu près d’un demi-litre, qui n’a paru lui faire que peu de bien.

— Cela agit mieux sur moi, dit le prince, me voici redevenu moi-même, comme vous voyez.