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tion grandissante, qui faillit le suffoquer ; mais sans doute il avait quelque peu le tempérament d’un joueur, car il reconnut qu’un certain plaisir se mêlait à cette angoisse. Le neuf de trèfle lui échut ; le trois de pique fut donné à Geraldine et la dame de cœur à Mr Malthus, incapable de réprimer un soupir de soulagement. Le jeune homme aux tartes à la crème, presque immédiatement après, retourna l’as de trèfle et resta glacé d’horreur, car il n’était pas venu pour tuer, mais pour être tué. Et le prince, dans sa sympathie généreuse, oublia presque, en le plaignant, l’extrême danger qui était encore suspendu au-dessus de lui-même et de son ami.

La donne se renouvela, et, cette fois encore, la carte de la mort ne sortit pas. Les joueurs retenaient leur souffle, haletants ; le prince eut un autre trèfle, Geraldine, un carreau ; mais, lorsque Mr Malthus eut retourné sa carte, un horrible bruit, semblable à celui de quelque chose qui se brise, partit de sa bouche ; il se leva et se rassit sans aucun signe de paralysie. C’était l’as de pique. Le membre honoraire s’était amusé de ses propres terreurs une fois de trop.

La conversation éclata de nouveau presque tout d’un coup. Les joueurs, renonçant à leurs