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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

graviat de Brandebourg, d’une origine tout aussi insignifiante, est devenu une puissance formidable, et, bien qu’il soit un peu tard à l’heure qu’il est pour essayer de la politique d’aventure et que l’âge des guerres soit passé, il ne faut pas oublier que, comme toujours, la fortune tourne en aveugle sa roue pour les hommes et les nations. Concurremment avec, et en conséquence de ces préparatifs guerriers, des impôts écrasants ont été levés, des journaux ont été supprimés, et le pays qui, il y a trois ans, se trouvait riche et heureux, végète maintenant dans une inaction forcée ; l’or y est devenu une curiosité, et les scieries chôment à côté des torrents des montagnes.

D’autre part, son second rôle, celui de tribun populaire, fait de Gondremark l’incarnation des loges maçonniques ; il siège au beau milieu d’une conjuration organisée contre l’État. Mes sympathies sont acquises depuis longtemps à tout mouvement de cette nature, et je ne voudrais dire quoi que ce soit qui puisse embarrasser ou retarder la révolution. Mais pour prouver que je parle en connaissance de cause et non en chroniqueur de simples commérages, je suis en position de dire que j’ai assisté en personne à une assemblée où tous les détails d’une constitution républicaine furent discutés et arrangés avec la plus grande minutie. Et je puis ajouter que tous les orateurs y parlaient de Gondremark comme du guide de leurs mouvements, comme de l’arbitre de leurs discussions. Il a réussi à faire accroire à ses dupes (c’est comme tels qu’il me faut les considérer) que sa capacité de résistance à la volonté