Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/87

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE


— Saisis ! répéta Othon. En quel sens ? Expliquez-vous.

— Sir John Crabtree, interrompit Gotthold, levant la tête, a été arrêté hier soir.

— En est-il ainsi, monsieur le Chancelier ? demanda Othon sévèrement.

— On l’a jugé bon, Votre Altesse, protesta Greisengesang. Le mandat était en bonne forme, revêtu de l’autorité de Votre Altesse, par procuration. En pareille matière je ne suis qu’un agent : je n’étais pas en position d’empêcher cette mesure.

— Cet homme, mon hôte, dit le prince, a été arrêté ! Pour quelle raison, Monsieur, sous quelle ombre de prétexte ?

Le chancelier se mit à balbutier.

— Votre Altesse trouvera peut-être parmi ces documents la raison qu’elle cherche, dit alors Gotthold, indiquant les papiers du bout de sa plume.

Othon remercia son cousin du regard, et, s’adressant au chancelier : — Donnez-les-moi, dit-il.

Mais celui-ci laissa poindre une hésitation visible.

— Le baron de Gondremark s’est adjugé cette affaire, dit-il. En cette matière je ne suis qu’un messager ; et comme tel je ne suis revêtu d’aucun pouvoir pour communiquer les documents que je porte. Monsieur le Docteur, je suis convaincu qu’en ceci vous prendrez certainement mon parti.

— J’ai entendu, dit Gotthold, bon nombre de sottises, et la majeure partie venant de vous. Mais celle-ci est bien la plus forte.