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CHAPITRE I

CE QUI ADVINT DANS LA BIBLIOTHÈQUE


Le lendemain matin, à six heures moins un quart, le docteur Gotthold était déjà à son bureau dans la bibliothèque.

Une petite tasse de café noir près de lui, laissant de temps en temps errer son regard parmi les bustes et sur les longs rayons de livres aux reliures multicolores, il passait tranquillement en revue son travail de la veille. C’était un homme d’environ quarante ans, blond de cheveux, aux traits fins et un peu fatigués, à l’œil brillant quoique un peu fané. Se couchant et se levant tôt, il avait voué sa vie à deux choses : l’érudition et le vin du Rhin.

Une amitié de vieille date existait, mais à l’état latent, entre lui et Othon ; ils se rencontraient rarement, mais c’était toujours pour reprendre sur-le-champ le fil de leur intimité interrompue. Gotthold, le prêtre virginal du savoir, avait pendant quelques heures porté envie à son cousin, ce fut au jour de son mariage : il ne lui envia jamais son trône.