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CHAPITRE IV

OÙ LE PRINCE, CHEMIN FAISANT, RÉCOLTE QUELQUES OPINIONS


Par un véritable triomphe de stratégie, Othon parvint à s’échapper un peu avant midi. De cette façon il fut quitte de la reconnaissance pesante de M. Killian, ainsi que de la reconnaissance confidentielle de la pauvre Ottilie ; mais il ne se débarrassa pas si facilement de Fritz. Ce jeune politique offrit, avec force regards mystérieux, de l’accompagner jusqu’à la grande route, et Othon, redoutant quelque reste de jalousie, et par égard pour la jeune fille, n’osa pas refuser. Tout en s’avançant, il observait son compagnon avec inquiétude, et espérait de tout cœur en avoir bientôt fini. Pendant quelque temps Fritz marcha en silence à côté du cheval, et ils avaient fait plus de la moitié du chemin projeté, quand, d’un air un peu confus, il leva les yeux vers le cavalier, et commença l’attaque : — N’êtes-vous pas, demanda-t-il, ce qu’on appelle un socialiste ?

— Mais… non, répondit Othon. Pas précisément ce qu’on entend par là. Pourquoi cette question ?