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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

— Regardez autour de vous ! dit-elle. Voyez cette clairière où les feuilles grandissent sur les jeunes arbres, où les fleurs commencent à se montrer… c’est ici que nous nous rencontrons, que nous nous rencontrons pour la première fois. Il vaut tellement mieux oublier, et renaître. Oh ! je le vois, il est une tombe pour nos péchés : la miséricorde de Dieu, l’oubli de l’homme !…

— Séraphine, dit-il, qu’il en soit ainsi ! Que tout ce qui a été ne soit plus pour nous qu’un rêve mensonger ! Laissez-moi, comme un étranger, tout recommencer. J’ai fait un rêve, un long rêve, dans lequel j’aimais une jeune femme, belle et cruelle, en tout supérieure à moi, mais toujours froide comme la glace… Et de nouveau je rêve, je rêve qu’elle est toute changée, qu’elle s’est attendrie, qu’elle s’est réchauffée au feu de la vie, et qu’elle m’accueille. Et moi, qui n’ai d’autre mérite que mon amour d’esclave sans force, je reste là serré contre elle, n’osant faire un mouvement, crainte de me réveiller…

— Reste… près de moi… plus près ! fit-elle, d’une voix profonde et altérée.

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C’est ainsi qu’ils se parlaient, au milieu des bois printaniers. Et pendant ce temps, à l’hôtel de ville de Mittwalden, on proclamait la République.....