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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

La figure du scieur prit une couleur de betterave.

— Ça, vous pouvez bien le dire, fit-il. Et en attendant, veuillez, vous et votre dame, entrer dans ma maison.

— Nous n’en avons pas le temps, répondit le prince, mais si vous vouliez avoir l’obligeance de nous donner ici même une coupe de vin, vous nous feriez plaisir, et nous rendriez un service du même coup.

Encore une fois le scieur rougit jusqu’à la nuque. Il se hâta d’apporter une cruche de vin et trois verres de cristal brillant. Votre Altesse, dit-il, ne doit pas supposer que j’aie l’habitude de boire. Cette fois-là, quand j’eus le malheur de vous rencontrer, j’étais un peu gris, ça je l’avoue : mais un homme plus sobre que moi d’habitude, je ne sais trop guère où vous le trouveriez, Même ce verre que je bois à votre santé (et à celle de la dame) est un agrément tout à fait extraordinaire.

On but le vin selon tous les rites de la courtoisie rustique ; puis, refusant toute autre offre d’hospitalité, Othon et Séraphine continuèrent la descente du vallon qui, à cet endroit, commençait à s’élargir, et à se laisser envahir par les arbres de plus grande taille.

— Je devais une réparation à cet homme, fit observer le prince. Car lorsque nous nous rencontrâmes je me mis dans mon tort et lui fis un sanglant affront. J’en juge par moi-même sans doute, mais je commence à croire qu’une humiliation ne saurait faire de bien à personne.

— C’est parfois une leçon nécessaire, répondit-elle.