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PRINCE ERRANT

de Mittvalden en Grunewald et de Brandenau en Gérolstein : six lieues de l’un et de l’autre et une route excellente, mais d’ici là pas une enseigne d’auberge, pas même la plus mince buvette de charretier. Il vous faudra donc pour cette nuit accepter mon hospitalité, hospitalité rude, Monsieur, mais vous êtes le bienvenu ; car, ajouta-t-il en saluant, c’est Dieu qui envoie l’hôte.

Othon salua de son côté : — Ainsi soit-il. Et de cœur je vous remercie.

— Fritz, dit alors le vieillard, se retournant vers l’intérieur, mène à l’écurie le cheval de ce gentilhomme ! Et vous, Monsieur, daignez entrer.

Othon pénétra dans une salle formant la majeure partie du rez-de-chaussée, salle qui autrefois avait sans doute été divisée, car, vers le fond, le plancher se rehaussait d’une marche, et l’âtre flambant, ainsi que la table blanche dressée pour le souper, semblaient être élevés sur un dais. À l’entour, bahuts noirs, armoires à coins de cuivre, rayons fumeux portant la vieille vaisselle de campagne ; sur les murailles, fusils et bois de cerfs, et quelques feuilles de ballade, une grande horloge à cadran fleuri de roses, et dans un coin, la promesse tacite et réconfortante d’un tonnelet de vin.

Un jeune gaillard de vigoureuse tournure s’empressa d’emmener la jument blanche, qu’Othon, après avoir été dûment présenté par M. Killian Gottesheim à Mlle Ottilie, sa fille, suivit à l’écurie, comme il convient sinon à un prince, du moins à un bon cavalier. Lorsqu’il rentra, une omelette fumante flanquée de tranches de jambon l’attendait déjà sur la table, plats qui firent