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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

pour lui tenir douce compagnie, et la lune qui bientôt apparut, nageant dans le ciel, elle pouvait attendre le jour sans alarmes.

La ruelle de sapins descendait rapidement la colline, serpentant par les bois ; c’était un chemin plus large que ne le demandait le ruisseau, et de loin en loin s’y étendaient quelques tapis de gazon onduleux, anses retirées de la forêt où sommeillait la lueur étoilée. Prenant donc bravement patience, elle se mit à marcher de long en large sur une de ces pelouses. Tantôt elle regardait la colline et pouvait voir le petit torrent accourir au-devant d’elle par une série de cascades ; tantôt elle s’approchait du bord où il glissait silencieusement parmi les joncs ; tantôt encore, avec une admiration toujours nouvelle, elle contemplait la grande compagnie assemblée au firmament.

La soirée avait été froide d’abord, mais, à cette heure, la brise de la nuit était tempérée ; du fond des bois, comme une respiration profonde et calme, s’élevait un air doux ; la rosée tombait abondamment sur le gazon et les pâquerettes bien closes. C’était là la première nuit que la jeune femme passait à ciel ouvert, et maintenant que ses terreurs s’étaient dissipées, elle se sentait touchée jusqu’au fond de l’âme par cette aménité paisible, cette sérénité. L’armée du ciel ne laissait tomber que des regards bienveillants sur la princesse errante, et l’honnête ruisseau n’avait pour elle que des mots d’encouragement.

À la fin elle commença à s’apercevoir de l’accomplissement d’une révolution merveilleuse, auprès de laquelle l’incendie du palais de Mitt-