Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/238

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
LE ROMAN DU PRINCE OTHON

se justifier devant un si pauvre sire. — Voyez s’il est mort ! — Ce fut tout.

Avec la plus grande componction, le chancelier s’approcha, et, à ce même instant, le baron roula les yeux. — Il vit ! cria le vieux courtisan, qui se retourna avec effusion vers Séraphine. Madame, il vit encore !  !

— Eh bien, alors, secourez-le ! dit Séraphine sans bouger de place. Pansez sa blessure !

— Mais, Madame, je n’en ai pas les moyens, protesta le chancelier.

— Ne pouvez-vous pas prendre votre mouchoir, votre cravate, n’importe quoi enfin ? s’écria-t-elle. Et en même temps elle déchira un volant de sa légère robe de mousseline, et le jeta à terre. — Prenez ! dit-elle. Alors, pour la première fois, elle se trouva directement face à face avec Greisengesang.

Le chancelier leva les mains au ciel et détourna la tête d’un air d’angoisse : l’étreinte du baron dans sa chute avait déchiré le tissu délicat du corsage de la princesse. — Oh ! Altesse, s’écria Greisengesang, ce désordre terrible dans votre toilette !…

— Ramassez ce volant, dit-elle, l’homme pourrait mourir.

Tout tremblant, Greisengesang se retourna vers le baron, et fit quelques tentatives futiles et maladroites pour le secourir. — Il respire encore, répétait-il. Tout n’est pas encore fini… il n’est pas encore passé.

— Et maintenant, dit-elle, si c’est là tout ce que vous savez faire, partez ! Faites venir des porteurs, il faut qu’il soit à l’instant transporté chez lui.

— Mais, Madame, s’écria le chancelier, si les gens