Page:Stevenson - Le Roman du prince Othon.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.
7
PRINCE ERRANT

Mais les deux chasseurs sur la colline n’entendaient rien de cet appel. Ils étaient, à vrai dire, assez préoccupés, fouillant des yeux chaque repli du terrain à leurs pieds, et par l’impatience de leurs gestes trahissant à la fois l’irritation et l’inquiétude.

— Je ne le vois pas, Kuno, s’écria le premier piqueur. Rien, pas une trace… pas un crin de son cheval. Rien, mon brave. Il est lancé ; taïaut, taïaut ! Pour un denier, vois-tu, je mettrais la meute sur sa piste.

— Peut-être est-il rentré ? fit Kuno, mais d’un ton peu convaincu.

Et l’autre, en ricanant : — Rentré ! Je lui en donne pour douze jours, avant qu’il ne rentre au palais. Voilà que cela recommence, tout comme il y a trois ans, avant son mariage. Une vraie honte ! Prince héréditaire… fou héréditaire ! En ce moment, te dis-je, notre gouvernement, sur sa blanche jument, est en train de sauter la frontière. Hein ? — qu’est-ce ? Non, point — sur ma parole je fais plus de cas d’une bonne pouliche ou d’un chien anglais. Foin de ton Othon !

— Mon Othon ? — Pourquoi mon Othon ? grogna Kuno.

— L’Othon de qui, alors ?

— Tu sais bien que tu te couperais le bras pour lui demain, dit Kuno, se retournant brusquement.

Le piqueur se récria. — Moi ? Allons donc ! Je suis grunewaldien, patriote enrôlé ; j’ai ma médaille. Moi, tenir pour un prince ? Je tiens pour Gondremark et la liberté.