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DE L’AMOUR ET DE LA POLITIQUE

pliqua le prince en souriant. Mais voici une discussion bien oiseuse. Je sais ce que j’ai à faire. Peut être même, pour vous égaler en franchise, pourrais-je ajouter que je vois ici mon avantage et que je l’embrasse. Je ne suis pas sans esprit d’aventure. Ma position est fausse… elle est reconnue pour telle par acclamation publique : me reprochez-vous, alors, d’en sortir ?

— Si vous y êtes résolu, pourquoi chercherais-je à vous en dissuader ? dit la comtesse : j’avoue sans vergogne que j’y gagne. Partez donc, vous emportez mon cœur avec vous, ou plus du moins que je ne voudrais. Cette nuit je ne pourrai dormir, songeant à votre malheur. Mais n’ayez crainte, pour rien au monde je ne voudrais vous gâter : vous êtes si fou, mon prince, et si héroïque !

— Hélas, Madame, s’écria Othon, et ce malheureux argent ? J’eus tort de l’accepter, mais vous avez une si étrange persuasion. Je puis encore cependant, Dieu merci, vous offrir un équivalent.

Il alla prendre quelques papiers sur la cheminée. — Voilà les titres, Madame, dit-il. Là où je vais, ils ne peuvent certes m’être d’aucune utilité, et maintenant il ne me reste aucun espoir de pouvoir autrement reconnaître votre bonté. Vous fîtes ce prêt sans formalités, n’écoutant que votre bon cœur. Les rôles sont maintenant quelque peu changés : le soleil du prince actuel de Grunewald va disparaître, et je vous connais trop bien pour douter que vous ne mettiez encore une fois toute cérémonie de côté et que vous n’acceptiez