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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

— Ce n’est, certes, pas du bien que tu en entendras ; et si tu veux que ta femme garde la fleur de l’innocence, purge-moi ta cour de tout ce demi-monde !

— Voilà bien l’injustice ordinaire des proverbes… Le préjugé du sexe ! Pour toi, c’est une demi-mondaine : que dirais-tu alors du Gondremark ? Si elle était homme…

— Ce serait exactement la même chose, répliqua rudement Gotthold. Quand je rencontre un homme, parvenu à l’âge de sagesse, qui parle à double entente, qui se vante de ses vices… je crache de l’autre côté ! Vous, l’ami, me dis-je, vous n’êtes pas même galant homme. Eh bien, elle, ce n’est pas même une véritable femme du monde.

— C’est la meilleure amie que je possède, fit Othon. Et il me plaît qu’on la respecte.

— Si c’est là vraiment ta meilleure amie, tant pis pour toi ! répondit le docteur. Les choses n’en resteront pas là.

— Ah ! s’écria Othon, que voilà bien la charité des vertueux ! Tout est mauvais dans le fruit taché ! Mais je puis vous assurer, Monsieur, que vous prodiguez l’injustice à madame de Rosen.

— Ah ! vous pouvez m’assurer cela, Monsieur ? dit le docteur finement. Vous avez essayé ? Vous avez tenté de passer les frontières ?

Le sang monta au visage d’Othon.

— Ah ! poursuivit Gotthold, regarde ta femme, et rougis. Voilà une femme à épouser… pour se l’aliéner !… Un œillet, Othon ! L’âme vit dans ses yeux.