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LE ROMAN DU PRINCE OTHON

mettez-moi d’implorer ce brave gentilhomme de partir avec moi sur-le-champ pour notre entreprise.

— Asseyez-vous là, près de moi, dit-elle, caressant de la main un coin du banc. Je vous suivrai dans un instant. Oh ! je suis fatiguée ; sentez mon cœur, comme il tressaute !… Où est votre voleur ?

— À son poste, répondit Othon. Vous le présenterai-je ? Il paraît être un excellent compagnon.

— Non, dit-elle. Ne me pressez pas encore. Il faut que je vous parle. Ce n’est pas que je n’adore votre voleur : j’adore tous ceux qui ont le courage de mal faire. Je n’ai jamais fait cas de la vertu… excepté depuis que je me suis éprise d’amour pour mon prince. — Elle rit de son rire musical. — Et même ce n’est pas de vos vertus que je suis amoureuse, ajouta-t-elle.

Othon se sentit embarrassé. — Et maintenant, dit-il, si vous êtes un peu reposée…

— Tout à l’heure, tout à l’heure ; laissez-moi respirer ! dit-elle, haletant un peu plus fort qu’avant.

— Mais qu’est-ce qui a pu vous fatiguer si fort ? demanda-t-il. Ce sac ? Et, pourquoi un sac, au nom de tout ce qui est singulier ? Pour un sac vide vous auriez pu compter sur ma prévoyance ; mais celui-là n’a l’air rien moins que vide. Mon cher comte, de quelle inutilité vous êtes-vous chargé là ? Mais le plus court est de voir par moi-même. — Et il étendit la main.

Elle l’arrêta vite : — Othon, dit-elle, non, pas de cette façon. Je vais vous dire, je vais tout avouer :