pour la femme fragile. C’était parce qu’il l’avait jugée assez dégradée pour être au-dessous du scrupule, qu’il l’avait choisie pour la dégrader plus bas encore, au risque de lui faire perdre pour toujours son établissement, quelque irrégulier qu’il fût, par cette complicité dans un acte déshonorant. C’était pire qu’une séduction !
Othon dut se mettre à marcher vivement et à siffler avec énergie. Et quand enfin il entendit des pas s’approcher par la plus sombre et la plus étroite des allées, ce fut avec un soupir de soulagement, qu’il s’élança à la rencontre de la comtesse. La lutte, seul à seul, avec son ange gardien, est une si rude tâche, et la présence, au moment critique, d’un compagnon qu’on se sent sûr de trouver moins vertueux que soi est chose si précieuse !
Ce fut un jeune homme qui s’avança vers lui, un jeune homme de petite taille et d’allure particulière, coiffé d’un chapeau mou à larges bords, et portant un lourd sac avec une fatigue évidente. Othon se rejeta en arrière, mais le jeune homme fit signe de la main, et, s’avançant en courant, tout essoufflé comme si ce fût tout ce qui lui restait de force, se jeta sur le banc. Et là il révéla les traits de madame de Rosen.
— Vous, comtesse ! s’écria le prince.
— Non, non, fit-elle d’une voix haletante, le comte de Rosen, mon jeune frère… Un garçon charmant. Laissez-le reprendre haleine !
— Ah ! Madame !… dit-il.
— Appelez-moi donc comte ! reprit-elle. Respectez mon incognito !
— Va pour comte, alors, répondit-il, et per-